Par Anne le 21/11/2023
Coup d'œil sur la ville qui a vu naître l’un des personnages les plus iconiques de la Corse et de la France, et dont l’Histoire est, depuis, marquée au fer rouge.
Pour comprendre l’actualité, il est nécessaire de procéder à un petit rappel historique. Retour en 1769, année de naissance du grand Napoléon Bonaparte mais aussi date à laquelle la Corse est officiellement devenue française, après la tristement célèbre bataille de Ponte Novu. Quatorze ans d’indépendance sous le général Pasquale Paoli ont néanmoins réussi à anéantir quatre siècles de domination génoise. Le père de Napoléon est un grand fidèle du général, c’est dans ce contexte difficile d’affrontements entre insoumis et gouvernements que le futur empereur de France voit le jour, le 15 août à Ajaccio. Celle-ci ne compte pas cinq mille habitants à l’époque. Le jeune Bonaparte grandit ici avec ses frères et sœurs, entre les murs modestes, les traditions ancestrales et la langue natale de la petite cité. A la suite de ses études militaires sur le continent, en 1801, Napoléon est désormais 1er consul. Il met alors en place un plan d’extension et d’embellissement qui marque le début du développement de sa ville natale. Une large place, des jardins botaniques, une mairie, un théâtre, des espaces de culture de thé, café, vers à soie et bien d'autres projets culturels sont aménagés pour donner un nouvel essor à la cité ajaccienne. Plus tard vers 1811, il décide d’en faire la préfecture du département unique de la Corse, cette période signe le développement économique et social de la ville aujourd’hui considérée comme la capitale de Corse du sud.
Si quelques anachronismes du film semblent déjà avoir été relevés par les historiens, il est de notoriété publique que le réalisateur américain fait usage des faits historiques comme d’une inspiration pour construire une merveilleuse épopée. En ce sens, l’Histoire selon Ridley Scott diffère peut-être de la réalité mais elle n’en demeure pas moins nécessaire pour alimenter les fantasmes qui entourent la vie de cet illustre personnage.
De plus, le jeu d’acteur du perfectionniste Joaquin Phoenix a probablement été alimenté par un apprentissage approfondi de la personnalité de Bonaparte, de ses habitudes, de son éducation et de son environnement. Toutes les influences de sa jeunesse qui ont accompagné l’homme d'État tout au long de son parcours. De ces souvenirs napoléoniens au sein de la cité impériale, il reste à présent les plus emblématiques, tels que la Grotte de son enfance. Une petite caverne sous un imposant rocher conservait jadis les secrets les plus précieux de son jeune hôte. Ceux qui construiront l’homme du siècle, des rêves les plus fous aux peurs les plus enfouies en passant par ses joies et son ingéniosité notoire. Une enfance qui s'épanouit entre les murs étroits de cette cachette si symbolique, rappelant l’allégorie de la Caverne de Platon. Un refuge ici protecteur qui le guidera peu à peu vers le véritable savoir et les grandes ambitions. La maison de Napoléon, actuellement un musée dédié, est également l’un des vestiges les plus représentatifs de sa vie. Mais la demeure qui a accompagné ses premiers pas, moins connue, se trouve en face de la cathédrale, où l’on peut d’ailleurs y lire “Napoléon est né dans cette maison”. Le site de la ville d’Ajaccio propose aux visiteurs de réaliser les “parcours napoléoniens” : https://www.ville-imperiale.com/napoleon/ajaccio/les-parcours-napoleoniens/ , trois itinéraires qui permettent de découvrir la ville à partir de son passé impérial mais aussi de comprendre toute l’influence de la famille Bonaparte en son sein.
La réalisation de ce film évoque une identité et une certaine fierté pour les insulaires, il invite à la découverte d’une ville culturelle active depuis 1769 qui reflète les prémices des grandes actions de l’Empereur. A la fin de sa vie, en exil à Saint Hélène, ce dernier écrit ces quelques lignes touchantes : “Si je n’ai pu exécuter ce que je projetais pour la Corse, j’ai du moins la satisfaction d’avoir fait quelque chose pour Ajaccio”.
L’ascension prodigieuse d’un petit insulaire porté par sa ville natale et devenu souverain de France, mis en lumière par l’un des plus grands réalisateurs de son temps, à découvrir depuis fin novembre.