Une « Rando-nez » dans le maquis avec Stéphane Rogliano +Ajouté à mon carnetFiche déjà présente

Porto Vecchio 08h00, Stéphane Rogliano, notre guide accompagnateur est là … J’avais déjà entendu parler de lui,  de sa passion pour les plantes, de sa profession d’horticulteur, de ses associations culinaires avec de grands chefs, mais ce que j’allais vivre dans les prochaines heures, je n'en avais aucune idée …

C’est 15 minutes plus tard, sur la route qui mène à l’Ospedale, que nous nous arrêtons. Stéphane gare le 4X4 à l’ombre d’un chêne. Le soleil et la chaleur sont déjà là malgré l’heure relativement matinale, mais peu importe je suis bien équipée : eau, casquette, pantalon long, tee shirt et bonnes chaussures. Je m'apprête à passer un peu plus de trois heures dans le maquis corse « a macchja » en compagnie de celui qui fait référence en matière de « rando nez » comprenez une randonnée avec un nez, comme il peut en exister en parfumerie.

Avant d’entamer notre expérience olfactive et en guise de préambule à la découverte du maquis corse, Stéphane a cette phrase : « il a fallu attendre les années 70 et l’émergence des idées écologistes pour comprendre que la richesse était dans la biodiversité et dans le sauvage » nous allons vérifier ça en commençant notre balade.

Question biodiversité on est servis : devant nous une flore étonnante, des dégradés de verts, des arbres, des buissons, des fourrés aussi différents que variés, et surtout très odorants … Stéphane, armé de son sécateur taille avec délicatesse de petits échantillons de plantes qu’il nous distribue « écrasez les délicatement entre deux doigts et sentez … » et c’est une explosion de senteurs ! Myrte ( A Murta), Fenouil, Erba Barona, Nepita, Romarin, Erba Strega (Epiaire), Immortelle (A Muredda), Marjolaine (A Persa), Salsepareille… autant de plantes aromatiques aux noms évocateurs de senteurs ! Le maquis au creux de mes mains.

Stéphane, intarissable, nous conte aussi une infime partie du comportement des plantes et végétaux, pourquoi poussent ils à cet endroit, pourquoi les feuilles de certains arbres sont-elles caduques et d’autres persistantes, pourquoi les chênes ont-ils des feuilles au contour dentelé au pied de l'arbre et lisse en hauteur, mais aussi les propriétés des huiles essentielles, notamment celle d’immortelle qui ne le quitte jamais, intarissable sur le sujet, connaissant par cœur les noms scientifiques et latins des végétaux, il pourrait parler pendant des heures durant ! D’ailleurs, entre deux « explications végétales » non sans humour il me glisse « Avant je parlais moins et je marchais plus maintenant, avec les années,  je parle plus et je marche moins »

Au détour d’un pin, une petite bâtisse de pierre se dresse devant nous : devinette, à quoi sert-elle ? Four à bois, four à pain, séchoir à châtaignes, les réponses fusent …. Non en fait il s’agit d’un four à tuiles ! L’homme était présent ici il y a des dizaines d’années en arrière, au cœur de ce maquis il cultivait sa terre, chassait le sanglier et vivait de ce que la nature lui offrait.

C’est là aussi la mission de Stéphane, la transmission d’une culture et d’une histoire aux visiteurs qui auront fait la démarche de venir à la rencontre du maquis corse. Après trois heures de marche et de découvertes olfactives, c’est déjà avec un brin de nostalgie que nous prenons le chemin du retour. Les odeurs présentes sur mes vêtements, sur mes mains et dans mes cheveux me rappelleront encore pendant quelques minutes la balade qui vient de s’achève.